Tout a été dit et son contraire sur la décision du CRTC de permettre aux télévisions généralistes privées de négocier une entente avec les entreprises de distribution par câble et par satellite afin d’établir une juste valeur pour la distribution de leurs émissions. Je n’ai certainement pas l’intention d’en rajouter.
J’ai plutôt envie de signaler la panoplie d’opinions émises au sujet de cette décision et de ses impacts. Nous avons Richard Martineau, le chroniqueur pas du tout influencé par les intérêts de son employeur principal, qui en profite pour railler la déception de Radio-Canada et réitérer qu’avec plus d’un milliard de dollars en subventions du gouvernement, Radio-Canada joue déjà dans les plates-bandes du privé.
Il y a l’opinion assez majoritairement exprimée par les éditorialistes : les consommateurs seront les grands perdants de cette décision. Voir « Décision du CRTC – arbitre fantoche « de Marie-Andrée Chouinard dans Le Devoir, pour une opinion « haut de gamme » ou, à l’autre bout du spectre, « Voulez-vous payer plus cher pour la télé? de Robert Savard (auteur d’une chronique Opinions sur le portail Sympatico.ca) et les commentaires qui l’accompagnent (Pourquoi les consommateurs devra toujours payer pour des imcompétants (sic), des personnes qui n’ont rien d’autres à faire que d’augmenter à peu près tout ce qui se trouve encore abordable. Ma décision est prise, pas question que je paie + que maintenant..)
Le rapport « Conséquences et pertinence d’un système de compensation pour la valeur des signaux de télévision locale« qui accompagne la décision, explique comment le CRTC en est arrivé à croire qu’une augmentation de la facture du câble n’aurait pas un impact très important:
(…) tant les niveaux d’abonnés que les revenus d’abonnement moyens par abonné des EDR ont augmenté de façon constante depuis 2002. (…) les revenus d’abonnement moyens par abonné (pour le service de base et les autres), [ont atteint] un taux de croissance composé de 5,6 %. Au cours de la même période, le nombre total d’abonnés à des services de télévision d’EDR a augmenté chaque année sauf en 2004, passant ainsi de 9,3 millions à 10,9 millions d’abonnés, pour une augmentation totale de 17,2 %.
Le Conseil note toutefois qu’il est assez difficile de prédire les réactions des consommateurs, dont la colère peut avoir été attisée par les campagnes très efficaces des distributeurs et des radiodiffuseurs.
À mon avis, cette question de l’abordabilité de la télévision sera de moins en moins signifiante. Tout ceci, ce n’est que la pointe de l’iceberg, si je peux me permettre d’abuser de cette image.
Le CRTC a publié en février dernier un rapport très intéressant qui est à peu près passé inaperçu dans la presse francophone à ma connaissance, « Naviguer dans les eaux de la convergence: tableau des changements au sein de l’industrie des communications canadiennes et des répercussions sur la réglementation. »
Je recommande la lecture de ce rapport à quiconque veut tenter de comprendre la très grande complexité dans laquelle le monde des communications navigue aujourd’hui. Ou, à défaut de comprendre, d’en avoir un aperçu assez fascinant.