Je m’éloigne un peu de mon sujet central, les médias, mais je ne peux pas m’empêcher d’être fascinée par cette nouvelle manifestation du mythe de Frankenstein, en continuité avec mon article précédent. Dans le New York Times du 13 juin, un article intitulé « Merely Human? That’s So Yesterday » m’a entraînée sur la piste d’un mouvement, la singularité technologique, un concept selon lequel l’évolution exponentielle de la technologie informatique atteindra un point au-delà duquel il ne sera plus possible de l’appréhender. Ce concept est directement inspiré de la théorie de Moore.
Ce concept est à la base de la fondation de la Singularity University , une université dont Google est l’un des partenaires-fondateurs. La mission de cette organisation : rassembler, éduquer et inspirer des leaders qui veulent comprendre et faciliter le développement exponentiel de technologies qui contribueront à guérir les maux de l’humanité. Elles est hébergée sur le NASA Ames campus à Silicon Valley.
Le rapport avec la fontaine de Jouvence? Le mal ultime, c’est la mort, non? La singularité technologique entrevoit un proche avenir, dès 2030, où chacun de nos vulnérables organes internes serait remplacé par des robots miniatures. La liste d’épicerie de la nanotransplantation: le coeur, les poumons, les globules rouges et blancs, les plaquettes, le pancréas, la glande thyroïde et tous les organes produisant des hormones, les reins, la vessie, le foie, l’oesophage, l’estomac, l’intestin grêle et le colon. Il ne resterait de naturel que le squelette, la peau, les organes génitaux, les organes des sens, la bouche et le cerveau. Dernière étape de l’évolution humaine: la transplantation des identités humaines dans des superordinateurs. On devient ainsi de l’information pure et, tant qu’on a fait suffisamment de copies de sauvegarde de soi-même pour se protéger en cas de plantage du système, on ne mourra pas.
Dans cet avenir où l’humain est devenu l’information, dans quel média sera-t-il diffusé? Et y aura-t-il des pauses publicitaires?
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À lire également, si ce concept vous intéresse, un portrait publié dans Wired en 2008 de son promoteur le plus ardent et l’un des co-fondateurs de la Singularity University, l’informaticien/inventeur/entrepreneur/génie/visionnaire Raymond Kurzweil : « Futurist Ray Kurzweil Pulls Out All the Stops (and Pills) to Live to Witness the Singularity.