Google, Internet, télévision, web

Discussions au coin du feu: le web, la télé et les paradigmes

Camping, William Notman, 1875, Musée McCord

Vendredi, j’ai assisté à MediaCamp Montréal*, l’anticonférence des médias à Montréal, «une nouvelle occasion pour les médias de se pencher sur les défis actuels qu’ils vivent.»

Le portail Canoë en a fait la couverture avec le titre suivant:   MediaCamp Montréal, les médias se questionnent. Et l’une des questions qui aurait été soulevée, selon l’article : «pourquoi est-ce que les télédiffuseurs se dirigent vers le web alors que les géants comme Google et Apple s’investissent dans la télé? C’est une question à laquelle on cherche encore une réponse.»

En anglais, on appelle ça une “nonsensical question”, une question qui utilise des mots connus et une syntaxe correcte, mais qui ne fait aucun sens.  Il n’y a pas de réponse à cette question parce que chacune des deux propositions, les télédiffuseurs se dirigent vers le web et Google et Apple s’investissent dans la télé sont fausses.

Les télédiffuseurs traditionnels ne se dirigent pas vers le web, ils lancent leurs lignes dans les eaux où ils ont cru voir les bancs de poissons fringants se déplacer, dans l’espoir de les ramener vers leurs filets. Bruno Boutot, ce vieux routier du journalisme et du web, l’a illustré dans une formule très éloquente: «Dans les grands médias, l’Internet est une danseuse qu’on entretient au cas où, pour voir, si un jour il y aurait de l’argent à faire là.»

Google et Apple ne s’investissent pas dans la télé, ils s’investissent, chacun à sa manière, dans son absorption par ce métamédia qu’est l’internet (Bruno Boutot encore). Cette absorption, Google veut l’organiser à sa manière (voir à ce sujet mon billet « En manchettes ce soir au Googlejournal« ) et Apple, s’assurer que la plateforme qui assimilera la télévision dans le grand tout sera un objet d’une grande beauté zen orné d’une pomme.

Mais cela dit, je n’ai pas entendu cette question au cours de la journée. Elle est peut-être  davantage le fruit des interrogations personnelles de la journaliste de Canoë qu’un véritable reflet de la teneur des discussions. Pour ma part, j’y ai surtout entendu des commentaires et des questions sur, entre autres, la  sur “logique industrielle qui se met en place dans la webTV ” (Martin Lessard), sur la télévision sociale, sur les modèles d’affaires, etc. Le fil conducteur des discussions : l’internet est en voie d’opérer un changement de paradigme absolu dans l’industrie des médias et les décideurs de l’univers traditionnel ne le voient pas (ou ne veulent pas le voir).

(Voilà, j’ai enfin pu placer changement de paradigme dans un texte!)

Cela m’a rappelé un texte de Clay Shirky que je citais dans mon billet Qui a peur de la complexité?  Il y explique comment l’industrie de la production audiovisuelle américaine, un écosystème industriel extrêmement complexe,  est condamnée à s’effondrer parce qu’il lui est impossible de revenir à la simplicité qui est l’apanage des modes de production actuels sur le web. Sa conclusion:

 But there is one compensating advantage for the people who escape the old system: when the ecosystem stops rewarding complexity, it is the people who figure out how to work simply in the present, rather than the people who mastered the complexities of the past, who get to say what happens in the future.

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* On peut voir cette anti-conférence en cliquant ici .

Une réflexion sur “Discussions au coin du feu: le web, la télé et les paradigmes”

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