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économie numérique, contenu, divers

Quels enjeux pour les contenus numériques?

À tous ceux que la question préoccupe, je recommande la lecture du rapport sur le forum France Canada, Quels enjeux pour les contenus numériques ? 

Ce forum était organisé par l’Ambassade de France au Canada et le Conseil des technologies de l’information et des communications (CTIC). La Fabrique de sens a contribué à lui donner un sens en rédigeant le rapport.

En guise de teaser, l’introduction

Le Forum France-Canada, organisé conjointement par l’Ambassade de France au Ca-nada et le Conseil des technologies de l’information et des communications (ICTC/CTIC), s’est déroulé les 15 et 16 novembre 2012, à Ottawa.

L’événement a réuni près de 100 participants canadiens et français, chefs de file, régulateurs et dirigeants issus des secteurs des contenus musicaux, audiovisuels et interactifs, représentant des entreprises privées et publiques de toutes tailles ainsi que des organismes de soutien et de réglementation des contenus. Pendant deux jours, ils ont exploré les défis que leur pose le nouvel écosystème numérique et débattu des façons dont pouvoirs publics et entreprises pourraient contribuer à y construire une industrie de contenu viable.

Depuis plusieurs années, la France et le Canada partagent un engagement indéniable à la défense de leur souveraineté et de leur diversité sur le plan culturel. Les deux pays ont établi des stratégies et des méthodes de réglementation appuyant leurs secteurs culturels et créa-tifs qui se ressemblent à plu-sieurs égards.

Par l’organisation de cet évé-nement, les responsables sou-haitaient favoriser un échange d’expertise et de points de vue entre représentants d’organismes confrontés à des défis et des situations similaires.

Bâties sur une prémisse de dé-part – l’évolution des réseaux et de la technologie a créé de nouveaux types de contenus, de nouveaux canaux de distribution ainsi que de nouveaux modèles économiques, défis et possibilités – les discussions ont été structurées autour de trois thèmes :

LE CONSOMMATEUR S’EMPARE DU POUVOIR NUMÉRIQUE

Le numérique a généré de nouveaux moyens d’expression, de nouvelles voies pour s’adresser à des publics diversifiés, ainsi que de nouvelles possibilités d’interactions des utilisateurs avec les contenus, mais surtout, il fait jouer de nouveaux rôles au public, le plaçant au cœur même des chaînes de valeur, en tant que créateur, producteur, agrégateur et acteur doté d’influence.

UN ÉCOSYSTÈME NUMÉRIQUE VIABLE

Il est devenu primordial de mettre en place de nouveaux modèles économiques qui assu-reront la viabilité et la pérennité des contenus musicaux, audio-visuels et interactifs dans le nouveau contexte. Les pouvoirs publics actuels doivent repenser et adapter leurs objectifs et leurs outils de soutien à l’industrie.

RÉGULATION ET POLITIQUES PUBLIQUES

Le secteur des contenus se mondialise et se déplace dans le nouveau monde numérique. Les marchés traditionnels des droits fondés sur la géographie résistent encore mais se révè-lent de plus en plus mal adaptés au nouveau contexte. Régulateurs et responsables politiques doivent réexaminer leurs objectifs, et valider l’adéquation entre leurs mesures, les aspirations des consommateurs de contenus numériques et la viabilité des industries de contenus.

économie numérique, contenu, transmédia

Flux transmédia

Quelqu’un m’a demandé récemment si je connaissais le transmédia et j’ai dû avouer ma relative ignorance.

C’est un peu pour cette raison que j’ai exploré cet univers pour mon dernier billet sur le blogue Écran de veille du Fonds des médias du Canada. Le terme ne signifiait pas grand-chose pour moi, sinon l’évocation d’un truc qui nous force à « participer » pour se faire raconter une histoire. Un peu comme les livres dont-vous-êtes-le-héros où il faut travailler (faire des choix) pour faire avancer l’histoire. Et moi j’aime mieux me laisser conduire par une histoire que d’être forcée à faire des choix à chaque étape.

Mon billet ne fait qu’évoquer le transmédia, il porte davantage sur l’économie de l’attention, mais en filigrane, c’est du transmédia et de son influence sur l’industrie des médias dont il est question.

Frappée par cette note dans le communiqué d’Ici Radio-Canada Télévision (le changement est bon… ne résistons pas au progrès…) qui présente la nouvelle saison:

Chaque émission offrira une valeur ajoutée aux téléspectateurs par le biais de son site, que ce soit par des expériences simultanées offertes sur le web, le mobile et la tablette, des applications spécialement créées, des jeux, des fiches, des webséries interactives, des conversations dans les médias sociaux ou encore des votes en direct.

j’ai orienté ma recherche sur le thème de « la télévision d’aujourd’hui: jamais sans mon internet! »

Et ce qui frappe dans cette invasion de l’internet dans le monde des médias, c’est l’interpénétration des médias entre eux. L’interpénétration, selon le Petit Robert, c’est l’action réciproque de s’introduire dans un lieu, de pénétrer dans un territoire. Ça me semble plus approprié que de parler de convergence: chaque média investit le territoire de l’autre maintenant. Les journaux programment des contenus vidéos, les télévisions produisent quantité de textes écrits et tout le monde s’approprie un espace sur les médias sociaux.

Mais, pour en revenir au transmédia, j’ai trouvé un livre très intéressant à ce sujet: Convergence Culture, Where Old and New Media Collide de Henry Jenkins, le fondateur et directeur du programme Comparative Media Studies du MIT. Sa définition du phénomène:

A transmedia story unfolds across multiple media platforms, with each new text making a distinctive and valuable contribution to the whole. In the ideal form of transmedia storytelling, each medium does what it does best – so that a story might be introduced in a film, expanded through television, novels and comics, its world might be explored through game play or experienced as an amusement park extension.

L’auteur décrit avec force détails en quoi la trilogie « The Matrix » est l’exemple par excellence du transmédia à l’ère numérique. Les films, qui sont la pièce maîtresse de l’histoire, ne peuvent être pleinement appréciés que si on consomme les autres éléments de ce puzzle. Il explique même l’échec relatif auprès de la critique du troisième volet par le fait qu’il fallait connaître les autres éléments médiatiques pour bien démêler l’histoire et apprécier l’oeuvre.

Selon cette définition, le transmédia pourrait se passer de l’internet à la limite.  Mais grâce à l’internet, le transmédia devient la nouvelle norme de nos modes de communication – qu’il s’agisse de raconter des histoires vraies ou inventées, de faire connaître une information, une nouvelle, un événement ou de converser entre nous. Transmédia comme dans trans, préfixe latin qui signifie « par-delà », « au-delà de », « à travers » et marque le passage ou le changement – et média, moyen de diffusion, de distribution ou de transmission de signaux porteurs de messages.

Il va maintenant falloir travailler pour nos histoires. Mais les « enfants du numérique »,  selon les auteurs du livre « L’âge de la multitude: entreprendre et gouverner après la révolution numérique » (dont mon ami Jean-Robert Bisaillon fait une très bonne synthèse ici), n’en attendent pas moins de leur expérience média parce que:

  • ils aiment créer
  • ils vivent une aventure collective
  • ils ne respectent plus les institutions
  • il sont difficiles à interrompre
  • ils sont exigeants et impatients
  • et ils aiment surfer sur un flux

Tout devient affaire de flux, disent-ils.

Laissez-vous emporter.

contenu, culture, télévision

Avenir de la télévision: les pièces du puzzle

Mon dernier article sur le blogue Écran de veille du Fonds des médias du Canada a été inspiré en partie par un livre français, Permanence de la télévision, un recueil de textes qui démontrent que la télévision est avant tout l’expression d’un désir humain:

(…) la télévision est fondée sur un désir d’ubiquité, d’omniscience, qui se rencontre déjà dans le mythe de l’anneau de Gygès, rapport par Platon, qui permet à celui qui le porte de devenir invisible pour tous, tout en gardant la faculté de voir et d’entendre ce qui se passe autour de lui. (…) admettons donc que la télévision, dans son origine de « vision à distance », fait partie des désirs intangibles de l’être humain…

Intéressant. Finalement, la technologie n’est qu’un accessoire. La télévision est en train de devenir un mot générique pour désigner ce désir, quels que soient les formes et  les canaux de distribution que son expression emprunte.

Et les formes que prendra la technologie dans l’avenir sont déjà là, il suffit d’assembler le casse-tête.

Interrogé par le journaliste Thibault Henneton de l’excellente émission de France Culture « La Place de la Toile » sur le secret de sa faculté à prédire le futur, Chris Anderson (l’auteur de The Long Tail) se défend d’être un devin en citant l’auteur de science-fiction William Gibson :

Le futur est déjà là – seulement, il n’est pas encore distribué uniformément. » (The Future Has Arrived — It’s Just Not Evenly Distributed Yet.)

MIT_couvertureEn 2001, la MIT Technology consacrait un article de fond à l’avenir de la télévision (ce que la revue fait à peu près tous les dix ans).  La conclusion de l’article procède du même raisonnement que la phrase de Gibson:

Stay tuned. Much of the broadcast, reception and display technology needed to let you see whatever show you want, whenever you want, on whatever screen you want, exists. The pieces just have to be improved and linked together in the right way.

Le mot de la fin, l’une des autres pièces du puzzle, revient au grand gourou, Marshall McLuhan:

La télévision ne sera pas comprise avant d’être dépassée par un nouveau média. Quand survient la désuétude, tout média devient une forme d’art, et c’est à ce moment-là qu’il est possible de s’en servir. Le média cinéma et le média photographie sont mieux compris depuis l’apparition de la télévision. » [Jean PARÉ. Conversations avec McLuhan, 1966-1973. Éditions du Boréal]

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16% des Canadiens délaissent la télévision conventionnelle. Vraiment?

Le 11 juillet dernier la Presse Canadienne nous apprenait que, selon un sondage mené par ComScore pour le compte de Google, 16 % des Canadiens adultes délaissent graduellement la télévision « conventionnelle »  pour favoriser plutôt le visionnement d’émissions en ligne.  Il n’en fallait pas plus pour que cette nouvelle devienne, sur les réseaux sociaux qui s’intéressent à cette question, un autre clou dans le cercueil de la télévision traditionnelle, une autre preuve que le phénomène de « cord-cutting », dont je parlais dans mon dernier billet, est bien réel.

Mais avant d’enterrer définitivement la télévision trad, j’aimerais revenir sur certains raccourcis empruntés par cette dépêche et les réseaux sociaux qui s’en sont emparés.

16% des Canadiens adultes …

En fait, il aurait fallu titrer:  16% des répondants au sondage de ComScore commandité par Google ont déclaré ne jamais consommer d’émissions de télévision devant un téléviseur.

J’ai fouillé et n’ai trouvé que la dépêche de la Presse canadienne. Qui ne précise pas l’échantillonnage, ni le taux de participation, ni le questionnaire  ni la méthodologie employée.

Imaginons qu’il s’agissait d’un sondage web, comme c’est très souvent le cas de nos jours. Cela exclut d’entrée tous ceux qui ne sont pas branchés et ceux qui ne s’y sentent pas vraiment à l’aise (il y en a et pas seulement chez les vieux). Et implique une surreprésentation des internautes enthousiastes.

Comme m’a dit un contact dans le milieu des sondages, si, en plus le sondage a été fait en été, il y a plus de chances que bon nombre d’accros du web – qui, par définition, ne délaissent pas le net pendant les vacances –  y répondent … ceux-là même qui consomment probablement plus de contenu vidéo via le web.

Et peut-être veulent-ils être perçus comme des modernes qui ont rejeté les vieilles technologies depuis longtemps, même s’il leur arrive parfois, par inadvertance, de faire la patate de sofa. Si on considère que, selon le CRTC, 90% des foyers canadiens sont abonnés à un service de télédistribution (câble, satellite, IPTV), il me semble que quelques échantillons de ce 16% doivent avoir accès à un poste de télévision.

… délaissent graduellement

Graduellement, vraiment? C’est basé sur quelles données comparatives? Ce n’est pas mentionné dans l’article de la Presse canadienne.

 la télévision conventionnelle

D’abord entendons-nous: la télévision conventionnelle, dans le vocabulaire du CRTC, c’est la télévision généraliste distribuée par les ondes hertziennes (et numériques depuis 2011). Ce terme exclut les chaînes spécialisées distribuées uniquement par un service de télédistribution. Bon d’accord, je fais ma mémère virgule, on aura compris qu’on veut parler de la bonne vieille télévision qui entre dans nos foyers par les ondes ou la télédistribution, mais cela illustre à mon avis une certaine méconnaissance des médias envers ce secteur. Qui les concerne pourtant au premier chef.

Une industrie qui a su s’adapter

Une chose est sûre pour l’instant, cette désaffection graduelle des Canadiens pour la télévision traditionnelle ne se reflète pas encore dans les revenus de cette industrie:  en 2011, les recettes d’exploitation des entreprises de télévision par câble et par satellite ont progressé de 6,9 % par rapport à 2010 pour totaliser 13,3 milliards de dollars (dollars courants) (source: CRTC, Rapport de surveillance des communications 2012).

Je ne m’inquiéterais pas trop pour les entreprises de câblodistribution, qui ont compris depuis longtemps que leur viabilité ne devait pas reposer sur la télévision par câble uniquement.  Comme je l’écrivais dans un billet de 2011, « les parts de marché combinées de Shaw, Rogers, Bell et Quebecor dans la distribution, la programmation, l’accès Internet fixe et les communications mobiles dépassent largement celles des Américains. Dans ce domaine, nos entreprises canadiennes font mordre la poussière aux géants Comcast/NBCU (nouveaux mariés, par ailleurs), DirecTV, Time Warner Cable et Dish Network (entre autres parce que les américaines ne sont pas dans le mobile) ».  Et j’écrivais ça avant la transaction BCE-Astral…

Mais le streaming est une réalité

Cela dit, la télévision en streaming sur internet est un phénomène qui ne disparaîtra pas et qui est en train de transformer l’industrie.  Les consommateurs l’adoptent de plus en plus rapidement.  Sauf au Québec, où la société distincte se distingue du reste de Canada en termes d’adoption des technologies. J’y reviendrai.

Et peut-être que dans un autre billet je répondrai à une question dont la réponse pourrait être intéressante: quel est l’intérêt de Google de commanditer ce genre de sondage ?

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Télévision et croyance populaire

Dans le milieu de la télévision on surveille un phénomène qui ravit les uns et fait frémir les autres: le cord-cutting, terme inventé par nos amis les Américains –  jamais à court d’images punch – pour désigner les abonnés au services de câble (d’où la « cord ») qui se désabonnent (d’où le « cutting ») parce qu’ils trouvent maintenant tout leur contenu audiovisuel en ligne. Souvent quand on parle du phénomène, on mentionne Netflix et iTunes, bien sûr, mais aussi Hulu et Amazon.

Hulu est un service de diffusion en flux (version OQLF pour streaming) gratuit qui appartient – pour l’instant, des rumeurs de vente circulent – à NBC Universal , Disney (propriétaire du réseau ABC) et News Corporation.

La croyance populaire, qui ne fouille jamais très loin, croit parfois que ce service est disponible ici, ce qui n’est pas le cas: il est « géobloqué », c’est-à-dire que tout ordinateur tentant d’y accéder avec une adresse IP à l’extérieur des États-Unis n’a pas accès aux émissions.

hulu_montage

En apprenant cela, la croyance populaire s’imagine que c’est à cause de la réglementation du CRTC qui leur interdit l’accès au Canada.

C’est faux: le CRTC n’a aucune juridiction sur les services diffusés sur internet (j’explique pourquoi dans cet article). Mais c’est tout de même indirectement la faute au CRTC.

Une nouvelle a retenu mon attention cette semaine: la chaîne américaine CBS, qui n’est pas partenaire de Hulu , a un hit avec une série d’été, « Under the Dome« . Cette série, basée sur une nouvelle de Stephen King, est financée en bonne partie par Amazon qui la diffuse deux semaines après ABC sur son service Amazon Instant Streaming. Qui est géobloqué ici.

Mais pourquoi pas de Hulu ou de Amazon Instant Streaming chez nous, me demanderez-vous lecteurs attentifs, alors que Netflix est disponible au Canada?

Tout cela est une question de droits, une question complexe s’il en est une. Et ce n’est pas parce que les services de streaming américains qui sont associés à un réseau de télévision ne veulent pas débourser pour payer des droits de diffusion au Canada (ce que fait Netflix). C’est plutôt parce qu’ils ont tout avantage à conserver un marché distinct des droits au Canada, marché établi grâce à la protection réglementaire  accordée aux radiodiffuseurs canadiens par le CRTC et qui représenterait une valeur de 1,4 milliard de dollars en paiements d’affiliation ou en achats d’émissions pour les radiodiffuseurs et les producteurs américains, selon l’estimation d’une étude commandée par le CRTC en 2010.

Comme les auteurs de l’étude l’analysent: « La perte d’exclusivité qui se produirait si les Canadiens pouvaient consommer librement le contenu des radiodiffuseurs non canadiens diminuerait probablement de beaucoup la valeur de ce contenu pour les radiodiffuseurs et distributeurs canadiens ainsi que le prix qu’ils seraient prêts à payer pour se le procurer. » Et en conséquence les profits des radiodiffuseurs et producteurs américains.

Contrairement à ces services, Netflix est uniquement dans la business de location de contenu, que ce soit par l’acheminement de DVD par la poste ou en streaming sur le net. Le service doit donc investir de très importantes sommes dans l’acquisition de contenu afin de conserver sa base d’abonnés, qui, par ailleurs, n’est pas encore assez importante pour générer des marges de profit à la hauteur de celles de son service de location de DVD.

Derrière les croyances populaires il y a toujours une situation beaucoup plus complexe qu’on ne pourrait le soupçonner quand on examine la situation superficiellement.

Si vous cherchez à déboulonner quelques croyances populaires dans votre industrie, n’hésitez pas à faire appel à  La Fabrique de sens, l’entreprise qui creuse pour vous!
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Et maintenant, une pause publicitaire

En faisant la recherche pour deux billets portant sur le contenu de marque pour Écran de veille du FMC, j’ai découvert plusieurs vidéos en ligne qui existent grâce à une marque, mais qui ne sont pas manifestement des publicités. Parmi celles-ci quelques trucs intéressants et quelques bijoux:

La série Seinfeld et Superman, pour American Express, est un ancêtre du genre (elle date de  2003). La page d’accueil du site trahit son âge:

superman_seinfeld

On peut trouver des copies de mauvaise qualité sur YouTube, ou aller sur le site officiel en cliquant ici . Je ne peux pas l’imbriquer sur cette page. c’est dire à quel point c’est vieux, pas moyen de partager…

Maintenant, comparons ce contenu de marque de l’ancien temps à cette vidéo d’une chanson, Dumb Ways to Die,  qui fait partie d’une campagne intégrée récipiendaire de cinq prix aux « Cannes Lions » (à prononcer à l’anglaise, étant donné que tout se passe en anglais seulement).  Il s’agit d’une campagne de prévention pour le métro de Melbourne en Australie. Avertissement: la chanson est très accrocheuse et vous restera dans la tête (vous l’avez peut-être déja vue, comme plus de 50 millions de personnes l’ont fait sur YouTube):

Un autre lauréat aux Cannes Lions, le Grand Prix de la catégorie Branded Content: la série de films « The Beauty Inside » dont je parle dans le premier billet sur Écran de veille. On peut visionner une vidéo expliquant cette production ici. Voici le premier épisode:

Maintenant quelque chose de différent:  une campagne B2B  (business to business) pour une compagnie qui vend des logiciels de gestion de la chaîne logistique. Je ne sais pas quel effet aura eu cette série sur les ventes de la compagnie, et elle n’a pas eu beaucoup de hits sur YouTube, mais les films sont très drôles. J’ai visionné les six épisodes avec plaisir. On peut les voir ici.

Pour finir, une autre campagne amusante, celle-ci pour IKEA. Produite depuis 2009, cette série est écrite et produite par Illeana Douglas – une actrice américaine – qui y joue une version « fictionnalisée » d’elle-même. C’est amusant, ça se moque allègrement de l’esprit IKEA et on peut y voir quelques acteurs connus. La série est diffusée sur la chaîne YouTube Easy to Assemble TV.

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Sous-titres et culture distincte

Tel que promis dans mon dernier billet, j’ai épluché le très volumineux, très complet et très documenté rapport « Rapport Lescure » (sur les contenus numériques et la politique culturelle à l’ère du numérique – commande du président de la France).

Je vais en livrer les éléments les plus intéressants pour notre contexte nord-américain par volets thématiques.

Volet d’aujourd’hui: contenu vidéo en ligne et le sous-titrage. En France, on est pressés d’avoir accès aux émissions américaines et le sous-titrage est une solution plus rapide que le doublage. D’abord le fait de « sous-titreurs pirates » qui sous-titrent de façon très organisée, manière crowdsourcing, dans plusieurs langues,  la pratique  est devenue courante chez les diffuseurs légaux français (TF1, M6 et Orange) qui mettent en ligne des versions sous-titrées des émissions américaines dès le lendemain de leur diffusion originale aux USA. Le rapport soutient « ces différentes initiatives et appelle à poursuivre les efforts pour améliorer la disponibilité des séries étrangères en ligne le plus tôt possible après leur diffusion ».

Autre pays, autres moeurs… Ici au Québec le contenu américain, qu’il soit doublé ou sous-titré, n’est pas si ardemment désiré.

En effet, depuis aussi longtemps que les palmarès sur l’écoute des émissions de télévision existent, les Canadiens francophones se distinguent des Canadiens anglophones par leur adhésion sans failles au contenu audiovisuel fabriqué ici, comme en témoigne le palmarès de la semaine dernière. Que des productions d’ici dans les 10 premières émissions. Quelques contenus américains se faufilent ici et là, mais ce sont des exceptions. Il y a également quelques concepts étrangers (Dieu merci!, Le Banquier, etc.), mais ça demeure des émissions profondément québécoises.

BBM_télévision

Netflix, ce grand méchant Joueur étranger qui a été abondamment brandi comme un épouvantail pendant l’audience portant sur la transaction Bell/Astral (« Bell et Astral plaident la menace Netflix« ) ne compte que 5% d’abonnés francophones, contre 20% d’anglophones, et la raison principale, selon tous les observateurs, serait la faiblesse du contenu en français sur le service de vidéo sur demande en ligne.

Netflix ambitionne de devenir, à terme, un leader global, tout en reconnaissant que cela prendra du temps. ( « We would be stronger being the leader in a few markets than one of the herd in many markets. Of course, our ambition is to be the leader in many markets, but that will take us some time. » Netflix long term view )

Netflix a les moyens de ses ambitions et peut prendre le temps d’ébranler cette fameuse barrière de la langue qui protège le contenu culturel d’ici. Sa dernière tactique en ce sens? La série « Arrested Development », une nouvelle série mise en ligne le 26 mai et avec laquelle le service espère faire le plein d’abonnés, est offerte avec sous-titres français. Les deux séries originales produites par Netflix,  « House of Cards » et « Hemlock Grove » sont offertes avec sous-titres ou version audio en « français canadien ».

La barrière de la langue ne peut pas à elle seule expliquer notre résistance face à l’invasion étrangère (en tout cas pour le contenu télévisuel, pour la musique c’est une autre histoire).  Après tout, le taux de bilinguisme de la population augmente, les jeunes sont très friands de culture américaine, et autour de moi il me semble qu’on ne parle que de Game of Thrones ou Walking Dead – séries pas disponibles en français ici.

L’attachement pour la production audiovisuelle d’ici relève davantage que de la seule question de la langue. Il est basé sur l’histoire de notre télévision, bâtie sur une culture distincte et surtout développée par une institution, la télévision publique,  qui a eu les moyens d’imposer une certaine idée de la qualité que les autres n’ont eu d’autre choix que d’émuler.

En regardant ce passé, je trouve particulièrement désolant que nos gouvernements n’aient pas encore de plan numérique, ou au minimum une stratégie numérique qui reconnaisse le caractère absolument « disruptif » pour l’identité culturelle de la révolution numérique.

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Contenu numérique et abeilles : même combat

La semaine dernière, Pierre Lescure, ancien patron de Canal+, remettait son rapport « Contributions aux politiques culturelles à l’ère numérique » au président de la France (on trouve le rapport ici). Description par Le Monde de l’un des éléments controversés du rapport:

Pour la mission, la contribution des opérateurs de télécommunications au financement de la culture n’est pas contestable dans son principe. Depuis 2008, ils sont assujettis à une taxe (TST-D) lorsqu’ils distribuent des services de télévision, qui alimente le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) mais ils en ont contesté le principe devant la justice européenne. M. Lescure propose de substituer à la TST-D une taxe assise sur l’ensemble du chiffre d’affaires des opérateurs de télécommunication. Le produit de cette taxe serait affecté à un compte de soutien à la transition numérique des industries culturelles.

L’an dernier j’avais rédigé un billet pour le blogue de Mixmedia Montréal (j’ai déjà parlé de cet événement ici) qui parlait de cette idée de taxer les fournisseurs de services pour financer le contenu. Je trouve qu’il est encore d’actualité.

Je le reproduis ici – en l’éditant un peu. Pour l’article original, on peut aller ici.

Contenu sur le web: faisons payer les FSI

L’argument des créateurs de contenu en faveur de la taxation des fournisseurs d’accès et de services, serait, pour simplifier : nos contenus contribuent à votre richesse, il est normal que vous nous en redistribuiez un peu. Ou, pour en revenir aux sources d’externalité positives, c’est un peu comme si l’abeille réclamait sa part des profits de l’apiculteur, ou si l’arboriculteur, qui a mis sur le chemin des abeilles des arbres qui ont permis d’améliorer la qualité de leur miel, le faisait également.

Abeille_CoolL’idée de demander une redevance aux FSI pour financer les contenus audiovisuels distribués par internet a été soumise au CRTC en 2009  par des associations de producteurs, d’artisans et de créateurs, dans le cadre d’une consultation sur la radiodiffusion par ce qu’on appelait encore à l’époque les « nouveaux » médias.

Le CRTC avait alors décidé qu’il était prématuré de mettre en place des mécanismes de soutien à la diffusion d’un contenu canadien de radiodiffusion par les nouveaux médias, d’autant plus qu’il n’était pas possible de baliser cette diffusion (c’est-à-dire mesurer – le Conseil s’est rapidement aperçu que vouloir mesurer le contenu canadien sur l’internet revenait à essayer de mesurer les gouttes d’eau en provenance de cours d’eau canadiens dans l’océan…)

Pour que le Conseil puisse avoir juridiction sur les FSI dans le cadre juridique et réglementaire actuel,  il aurait fallu que ceux-ci soient reconnus comme des « entreprises de radiodiffusion », qui, en tant que partie intégrante du système de radiodiffusion canadien, sont tenus de contribuer à son développement. Le Conseil a décidé de ne pas décider… et, sans doute pour démontrer les limites de ses pouvoirs et la vétusté de la Loi sur la radiodiffusion (le président de l’époque a milité pour une refonte de celle-ci), a demandé au pouvoir législatif de prendre position. Il a donc renvoyé la question devant la Cour d’appel fédérale : est-ce que les FSI sont des entreprises de radiodiffusion ?

La Cour d’appel a répondu : non. Non, parce que les FSI n’ont pas de contrôle sur le contenu qu’ils transmettent.

Les groupes culturels ont fait appel devant la Cour suprême qui a tranché très rapidement : la Cour d’appel avait raison,  « Dans leur rôle de fournisseurs d’« accès à la “radiodiffusion” au moyen d’Internet », les FSI ne sélectionnent ni ne sont à l’origine de la programmation, pas plus qu’ils ne regroupent ou n’offrent de services de programmation. »

(Cela dit, si la réponse avait été affirmative, la question des redevances était loin d’être réglée. Les FSI auraient alors relevé de l’ordonnance d’exemption des nouveaux médias, ordonnance qui les exempte des obligations des autres composantes du système. En outre, reconnaître leur contrôle sur le contenu transmis aurait ouvert la boîte de Pandore de leur responsabilité face à ce contenu.)

On le voit, l’argumentation en faveur de la redevance, basée sur la théorie économique des sources d’externalité positives –  on contribue à votre richesse, c’est normal que vous nous en retourniez un peu – se bute, chez nous du moins, à un parcours semé d’embûches législatives et réglementaires.

On vit une période de transition caractérisée par une évidence : au plan législatif et réglementaire on utilise des outils du 20e siècle très peu adaptés à l’environnement culturel, technologique et économique qui se met en place au 21e siècle.

À venir, une synthèse/analyse du rapport Lescure surtout dans la perspective d’aller y chercher les constats qui me semblent pertinents et les bonnes idées qu’on devrait importer.

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L’avenir de la presse écrite n’est plus ce qu’il était

Il y a un an, j’ai rédigé le billet ci-dessous pour Mixmédia Montréal, un événement qui n’a pas eu le succès qu’il méritait. On a pu entendre des conférenciers vraiment intéressants au cours de cette journée de conférence dédiée aux contenus numériques, un sujet trop négligé à mon avis. On parle beaucoup de marketing et de social, médias, réseaux, télévision, etc., trop peu de ce qui justifie leur existence, les contenus.

En relisant ce billet, j’ai trouvé qu’il était particulièrement pertinent après le lancement « historique » de La Presse + cette semaine. Je n’avais pas prévu la manœuvre version iPad gratuite, mais tout de même décelé quelques signes du plan qui se préparait.

crieur de journauxPhotographie Crieur de journaux dans la rue, vers 1905 Anonyme, Gélatine argentique, MP-0000.586.112 © Musée McCord

Ce n’est pas un scoop, l’industrie de la presse a été particulièrement bousculée par l’avènement du numérique : de près de 50 milliards de dollars qu’ils étaient en 2000, les revenus publicitaires des entreprises de presse aux États-Unis et au Canada ont fondu  à 24 milliards $ en 2011. 13% de ces revenus provenaient des versions en ligne.[1]

Pendant ce temps, nous sommes de plus en plus nombreux à nous tourner vers l’internet comme source d’information. Selon l’enquête NETendances du CEFRIOInternet comme source d’information des Québécois,  publiée le 8 janvier dernier,  « En seulement douze mois, Internet comme principale source d’information des Québécois a connu une progression fulgurante, passant de 15 % en 2010 à 30 % en 2011 (…) chez certains groupes d’âge, Internet a dépassé la télévision. » Aux États-Unis, selon le Pew Research Center,  c’est 61% des Américains qui s’informent en ligne.

Toujours selon l’enquête du CEFRIO, les principales sources d’information consultées en ligne demeurent les médias traditionnels  (Le Devoir, Cyberpresse, Radio-Canada, etc.). Reflet de ces paradoxes créés par la nouvelle économie numérique, les médias traditionnels sont toujours les premières sources d’information, en ligne ou hors ligne, mais le maintien de cette primauté se fait au détriment de leur survie même.

Comme Clay Shirky l’a écrit, les vieux modèles se brisent beaucoup plus rapidement qu’on ne peut en mettre de nouveaux en place.

Peut-être la technologie numérique est-elle encore trop neuve, écrit Lewis H. Lapham dans le Lapham’s Quarterly du printemps 2012 consacré aux moyens de communication, trop nouvelle pour qu’on comprenne vraiment où elle nous entraîne. L’écriture est apparue sur des tablettes d’argile il y a 3 000 ans avant notre ère, il a fallu attendre encore 3000 ans pour que l’humanité invente le codex (livre manuscrit), 1 500 ans avant que Gutenberg n’invente l’imprimerie. Puis 532 années se sont écoulées entre cette invention et l’arrivée de l’internet. L’ordinateur personnel n’a pas encore 40 ans, le World Wide Web vient de fêter son vingtième anniversaire.  « We’re still playing with toys. »

Depuis McLuhan, on sait à quel point l’invention de l’imprimerie a transformé la civilisation occidentale de manière fondamentale. Aujourd’hui, nous traversons une autre période transformative pour l’humanité, l’ère numérique. Pour nombre d’observateurs, dont Jeff Jarvis, il y a lieu d’établir des parallèles entre la galaxie Gutenberg et l’univers internet.

Dans le chapitre portant sur la presse dans son plus récent livre, Public Parts, il rappelle qu’à l’époque de Gutenberg les premiers éditeurs ont simplement tenté de reproduire le travail des scribes qui jusqu’alors peinaient à rédiger les livres à la main : la première police de caractère utilisée, Textura, était calquée sur l’écriture manuscrite. L’impression mécanique était alors simplement perçue comme une façon plus rapide d’écrire, certainement pas comme l’instrument d’une révolution sociale.

Le problème des médias aujourd’hui, souligne  le spécialiste américain de l’économie des médias, le professeur Robert Picard dans le document Mapping Digital Media : Digitization and Media Business Modelsne tient pas tant à l’inefficacité de leurs modèles d’affaires à trouver de nouvelles sources de revenus ou à accroître les sources existantes, mais dans le fait qu’ils sont trop nombreux à tenter de vendre des produits du 19e et du 20e siècle au 21e siècle.

Ces produits des médias traditionnels, poursuit le professeur Picard, ont été créés dans des environnements économiques, politiques et médiatiques qui n’existent plus aujourd’hui. Pour survivre, les médias devront réviser l’essence même de leur offre et s’assurer qu’elle représente vraiment une valeur centrale pour leurs clients. S’assurer également que leurs produits et services sont vraiment uniques ou distinctifs et fournis de manière parfaitement adaptée au nouvel environnement interconnecté.

La fin du papier?

Si demain les journaux papier et tout leur système de distribution physique disparaissaient, nous dit le professeur Picard, les coûts de production et de distribution de l’industrie de la presse seraient réduits d’environ la moitié. Cela permettrait aux producteurs de récupérer davantage de la valeur produite par leur contenu.

Toute logique soit-elle économiquement parlant, la décision d’abandonner complètement les supports papier est difficile à prendre, ne serait-ce qu’en raison de l’interdépendance des activités en ligne et sur papier des entreprises de presse. Selon le professeur Picard, il faut s’attendre à ce que le nombre de journaux qui abandonnent leur version imprimée augmente significativement au cours des deux prochaines décennies.

Mais avant d’en arriver là, la presse en ligne devra prouver sa rentabilité, à travers, entre autres le débat pro/anti paywall, débat d’autant plus polarisé qu’il se déroule au sein d’une industrie essentielle à la vie démocratique  de notre société. Comme l’a déjà dit un directeur général de l’information de Radio-Canada devant le CRTC en parlant de l’information, dans le cadre du dernier renouvellement des licences du radiodiffuseur public (au siècle dernier), ce n’est pas dans la petite pudding cette affaire-là, madame!

Du côté des antis paywall, nous avons le très respecté Guardian de Londres, le pionnier en matière de présence en ligne. Le rédacteur en chef du Guardian, Alan Rusbridger est opposé à ce modèle  parce que selon lui, malgré qu’il fasse du sens en termes économiques, son application entrave l’accessibilité à l’information et dilue l’influence éditoriale d’un organe de presse.

Le Guardian, qui a entrepris son virage numérique en 1996, annonçait ainsi sa stratégie l’an dernier: Digital firsta window of opportunity. The Guardian has recognised that it must invest in technological innovation if it is to create social justice in the 21st century (pas de la petite pudding, on l’a dit…) Selon les résultats financiers livrés avec cette annonce toutefois, The Guardian News & Media (GNM) affichait des pertes de 36 millions $ en 2011, ses revenus étant passés de 352 millions $ à 315 millions $.

Mise à jour – 20 juillet 2013: 

The Guardian a commencé à opérer dans le marché américain en 2011 et annonçait récemment un retour aux profits, soit une augmentation de 29% des revenus du numérique.

J’ai frappé le mur… le paywall du New York Times

De l’autre côté de l’océan, le paywall érigé par le New York Times en mars 2011 semble être un succès. C’est en tout cas ce que dit le communiqué émis par The New York Times Company le 25 avril 2012 :

Today we can say with authority that our plan is a successwith nearly half a million people now paying for the various digital subscription packages, e-readers and replica editions of The New York Times, the International Herald Tribune and The Boston Globe.”

D’après les résultats du premier trimestre 2012, les revenus de distribution du NY Times ont augmenté de 9,7%  (cela comprend les nouveaux revenus du paywall, mais également une augmentation des tarifs d’abonnement à la version papier). Les revenus totaux, toutefois, ont diminué de 0,3 % (de 500,7 millions $ à 499,4 millions $), les revenus de la publicité en ligne de 10,3% (en grande partie à cause de la division About.com).

La presse de chez nous est également en train d’implanter le modèle du paywall.  Le groupe Postmedia Network, propriétaire de La Gazette de Montréal et du National Post, entre autres, a annoncé début avril qu’il allait déployer le modèle de paywall graduellement au cours de l’année, et le Journal de Montréal s’apprêterait à faire de même.  Le Devoir a mis en ligne sa propre version il y a déjà quelques années. Le plan iPad de La Presse a fait jaser sur les réseaux sociaux il y a un an (rien de nouveau depuis, sinon un concours lancé la semaine dernière, Êtes-vous techno, qui fait miroiter la chance de gagner un iPad en échange  d’informations précieuses sur la pénétration des tablettes chez le lectorat.)

Et si rien ne marche, il restera toujours les robots

Si tous les modèles, expérimentations et diversifications tous azimuts ne réussissent pas à sauver la presse, il suffira de remplacer les journalistes par des robots comme le propose l’entreprise Narrative Science, qui a mis au point des algorithmes qui explorent le web, en extraient des données factuelles et rédigent des textes les mettant en contexte de façon fluide. Pour être juste, il faut préciser que l’entreprise se défend de vouloir éliminer les journalistes. Leurs activités se concentrent actuellement sur des comptes rendus de résultats de ligues sportives mineures, ou des résultats financiers de petites entreprises, sujets habituellement non couverts par les journalistes humains. Mais le CTO de l’entreprise estime tout de même que ses robots pourraient remplacer 95% des journalistes d’ici 15 ans.

Dans Public Parts, Jeff Jarvis souligne qu’il a fallu un bon siècle après Gutenberg avant qu’on commence à délimiter le nouveau monde que son invention a fait émerger. En regardant dans le rétroviseur, les changements provoqués par l’internet peuvent sembler énormes, mais :

…we are still early in this revolution. We ain’t seen nothin’ yet.

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[1] Source des données Newspaper Association of America qui représente 2000 entreprises de presse canadiennes et américaines.

Internet, le sens de la vie numérique, le sens des données, nouvelles

Les utilisateurs d’internet dans le monde – suivez le guide

L’un des articles sur ce site : Le sens de la vie numérique, les Canadiens et l’Internet reçoit fréquemment la visite  d’internautes qui ont fait la recherche Google « les utilisateurs d’internet dans le monde ».

Parce que j’aime faire oeuvre utile, ce billet se veut un moyen de rendre cette recherche fructueuse pour tous ceux qui ont abouti ici en googlant « les utilisateurs d’internet dans le monde ». Cliquez sur ce lien, vous vous retrouverez sur le site Internet World Stats qui fournit, en anglais seulement – mais il en va ainsi des trucs universels – tout ce que vous voulez savoir sur l’internet grosse image (Internet Big Picture).

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Source: Internet World Stats
Cliquer sur l’image pour l’agrandir

Quelques constats: au cours des douze dernières années, le nombre d’utilisateurs a explosé en Afrique (+ 3 600%), au Moyen Orient (+2 600%) et en Amérique Latine (+1 300%). Cette explosion est due, en grande partie, à l’avènement de la mobilité grâce aux téléphones intelligents et aux tablettes:

Le prochain milliard d’internautes accédera à Internet mobile, contournant dans la foulée les lignes fixes à haut débit. Une recherche dirigée par le Boston Consulting Group (bcg.com) a démontré qu’au Brésil, en Russie, en Inde, en Chine et en Indonésie, on comptera 1,2 milliard d’internautes d’ici 2015. La majorité d’entre eux accédera à Internet au moyen d’un téléphone mobile. Dans plusieurs pays, les lignes fixes à haut débit sont soit offertes à un prix prohibitif, soit inaccessibles, tandis que l’accès mobile est toujours plus disponible, et cela, à un prix relativement modique. (source: L’Économie d’Internet au Canada – ACEI 2012)

On parle souvent d’internet comme d’un espace virtuel, imaginaire, irréel. Je crois qu’il y a malentendu; un espace où une si forte concentration de personnes vivantes peuvent se rassembler, de plus en plus grâce à l’emploi d’un appareil qu’on porte sur soi, ne peut qu’être bien réel.

Cet espace dépasse même les limites de l’atmosphère terrestre:  il y a 2 405 518 375 internautes sur la planète (34,3% de la population mondiale) plus un internaute en orbite, le Commandant Hadfield, l’astronaute canadien aux commandes de la station spatiale internationale. Le Commandant tweete régulièrement (@Cmdr_Hadfield). Il publie entre autres de sublimes photos de la terre vue du ciel.

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