accès, économie numérique, contenu, télévision, technologie

Découvrabilité volet 2

Pour la suite du rapport Découvrabilité fabriqué pour le Fonds des médias du Canada (avec l’ONF, Téléfilm et l’OTM), cliquer ici.

L’objectif de ce deuxième volet est d’explorer la découvrabilité du point de vue des auditoires canadiens : comment ceux-ci apprennent l’existence de contenu, comment ils font leurs choix et quels sont les principaux vecteurs de découvrabilité.

L’Observateur des technologies médias a ajouté des questions portant sur la découvrabilité à son sondage du printemps 2016, et le rapport en rend compte dans la dernière section. Les résultats de ce sondage confirment certaines hypothèses évoquées dans le premier volet, en particulier l’importance des recommandations d’amis, mais une analyse plus approfondie laisse entrevoir un environnement où ces comportements humains pourraient être harnachés par la technologie.

contenu, CRTC, divers, télédistribution, télévision

Brève histoire du financement des productions médiatiques au Canada

Le 2 décembre dernier j’ai fait une présentation dans le cadre des Rendez-vous d’affaires du numérique organisés par le Regroupement des producteurs multimédia (RPM) autour du thème FINANCEMENT ET MODÈLES INNOVANTS: SOMMES-NOUS PRÊTS POUR LES NOUVEAUX DÉFIS?

Nous étant les producteurs multimédia bien entendu.

Le titre de ma présentation était, pour faire court :  Perspectives d’avenir des contributions du secteur privé au financement des contenus : les changements proposés par le CRTC à ses politiques relatives aux Fonds de production indépendants certifiés et quelques autres formes de réglementation et mesures fiscales.

En fait, je me suis aperçu, mais après la publication du programme, que j’aurais faire plus simple et l’appeler : Perspectives d’avenir des partenariats créés par les politiques publiques.

Voici le texte de ma présentation:

Le terme « partenariats créés par les politiques publiques » est du CRTC qui l’utilise pour parler des mesures mises en place pour s’assurer que tous les éléments du système de radiodiffusion contribuent au financement de la programmation. Ces partenariats, c’est l’obligation pour les entreprises de distribution de radiodiffusion, EDR dans le jargon du Conseil, de verser 5% de leurs recettes annuelles brutes à des fonds de production.

Je vais donc vous parler de la consultation lancée par le CRTC fin octobre au sujet de ses politiques relatives aux Fonds de production indépendants certifiés.

Pour mettre cette consultation en contexte, je vais d’abord présenter brièvement l’histoire du financement institutionnel pour la production audiovisuelle au Canada. Et en conclusion, un rappel de quelques hypothèses de financement – d’autres « partenariat public/privé » – qui ont été évoquées ces dernières années, comme par exemple la fameuse taxe Netflix.

Les fonds indépendants certifiés – un peu d’histoire

Pourquoi ces fonds existent-ils ?

Il faut revenir à 1983, quand le gouvernement fédéral a créé le Fonds de développement de la production d’émissions canadiennes de télévision qui était financé par le gouvernement et administré par Téléfilm.

Dix ans plus tard, le CRTC créée Le Fonds de production des câblodistributeurs, à la suite d’une audience portant sur la structure de l’industrie, qui se sentait menacée par l’arrivée des satellites de radiodiffusion directe américains : les « étoiles de la mort » … qui auraient pu – si le CRTC n’était pas intervenu, diffuser au-delà de 500 chaînes de télévision étrangères. (C’était l’époque où on venait de découvrir la compression vidéonumérique qui permettait de loger plusieurs chaînes sur un même transpondeur de satellite.)

Les câblodistributeurs ont alors proposé de contribuer au financement de la programmation en échange du maintien d’une majoration tarifaire temporaire approuvée quelques années auparavant : ils verseraient la moitié des revenus à un nouveau Fonds de production des câblodistributeurs (et ils étaient autorisés à conserver l’autre moitié des revenus).

Ce partenariat est devenu une condition de licence pour toutes les entreprises de distribution de radiodiffusion (y compris les nouveaux satellites de radiodiffusion directe canadiens – les américains ont été repoussés à la frontière) : les EDR doivent contribuer 5 % de leurs recettes annuelles brutes à un fonds de production indépendant pour la création d’émissions canadiennes.

Par la suite ce Fonds a été fusionné avec le Fonds de développement de la production d’émissions canadiennes de télévision (FDPECT) et leur rejeton s’est d’abord appelé le Fonds de télévision et de câblodistribution pour la production d’émissions canadiennes (le FTCPEC) – puis il est devenu le Fonds canadien de télévision en 1998.

En 1997, le Conseil décidait qu’au moins 80 % de la contribution des EDR devait aller au Fonds de développement de la production d’émissions canadiennes de télévision et que le 20% restant pouvait être un ou plusieurs fonds administrés par un organisme indépendant, existants ou nouveaux.

Fin des années 90, les nouveaux médias débarquent sur ce qu’on appelait alors l’autoroute de l’information, ou encore l’inforoute. Le gouvernement fédéral crée le Fonds pour le multimédia (administré par Téléfilm) en 1998, qui deviendra le Fonds des nouveaux médias du Canada en 2001.

Puis, le FCT est fusionné avec le Fonds des nouveaux médias et devient le Fonds des médias canadiens (FMC), financé par le gouvernement fédéral et les contributions des EDR.

En 2010, le CRTC modifie les critères d’admissibilité à l’égard des fonds de production indépendants pour qu’ils puissent servir à des projets néomédiatiques et au développement d’émissions (pilotes).

Afin de veiller à ce que le financement de projets néomédiatiques autonomes ne nuise pas indûment au financement de productions télévisuelles, le Conseil établit à 10 % par année la contribution maximale des EDR pouvant être versée à un ou plusieurs fonds de production indépendants.

Avis de consultation sur les politiques relatives aux fonds de production indépendants certifiés

En mars de cette année, le CRTC a annoncé une première partie des changements à venir à la suite de la consultation Parlons Télé.

Parmi ceux qui ont fait la manchette, il y a eu la réduction des quotas d’émissions canadiennes,  l’élimination de la politique d’exclusivité des genres et les changements aux forfaits des télédistributeurs.

Mais certaines observations du CRTC – à mon avis, un peu passées inaperçues – portaient sur les faiblesses du secteur de la production indépendante.

Le Conseil a écrit, par exemple, que le système de financement actuel ne favorise pas la capitalisation du secteur de production canadien, qui est trop dépendant du financement public.

Son diagnostic :

  • Les producteurs indépendants sont incités à exploiter leur affaire comme un service de l’industrie qui fonctionne de projet en projet ;
  • Les services de programmation acquièrent du contenu à la pièce, sans vraiment tenir compte du développement d’émissions à long terme ;
  • Les deux parties s’appuient fortement sur les subventions ou investissements gouvernementaux pour assurer leur viabilité.

D’après des données extraites du rapport annuel du FMC, et rapportées dans la décision du CRTC, voici le portrait du marché francophone en 2014 :
graphique blogue

Les financements institutionnels, ceux émanant des « partenariats créés par les politiques publiques », représentaient 55% du financement des émissions canadiennes. Les radiodiffuseurs sont les deuxièmes investisseurs avec 42%. Les producteurs avaient investi 2% de leur propre argent dans leurs productions.

Du côté du marché anglophone les producteurs avaient investi 4%, les radiodiffuseurs 29% en licences et les autres sources – des sources étrangères en grande partie – représentaient 13% du financement.

Dans sa Politique réglementaire de radiodiffusion CRTC 2015-86, donc, le CRTC a indiqué qu’il allait examiner ses politiques sur les FPIC « afin de s’assurer qu’elles accordent une plus grande souplesse en matière de financement de la programmation canadienne ».

L’objectif est de s’assurer que les FPIC contribuent « davantage à un secteur de production canadien plus robuste et bien capitalisé, mieux en mesure d’exploiter à long terme les occasions de revenus et de s’associer à des radiodiffuseurs ».

Bref, que ce secteur soit en mesure de réinvestir ses profits dans la production.

La consultation porte sur la façon dont ces fonds peuvent contribuer au système de télévision de l’avenir et aborde des questions comme la gouvernance et les exigences de rapport.

On se rappellera qu’actuellement les fonds sont certifiés par le CRTC si les projets médiatiques numériques choisis :

  • Ont conclu une entente de développement avec une entreprise de radiodiffusion autorisée ou sont liés à une production elle-même admissible à un financement ;
  • Si le fonds accepte des projets médiatiques numériques non liés à une émission de télévision, un maximum de 10% du fonds est consacré à leur financement.

Donc, si je calcule bien il y aurait tout au plus 6 millions $ par année qui peuvent revenir à des projets médiatiques numériques autonomes, non liés à des émissions de télévision, puisque les FPIC génèrent un financement d’environ 60 millions $ par année.

Parmi les questions de la consultation sur lesquelles le mémoire du RPM va particulièrement se pencher, il y a celles-ci qui figurent dans le bloc de questions portant sur les contributions des FPIC à un « système de télévision souple et tourné vers l’avenir » :

Q6. Quelles mesures incitatives le Conseil pourrait-il adopter en vue d’augmenter et de promouvoir la création de productions en ligne ? Quels obstacles liés au financement de productions en ligne, s’il en est, devraient être supprimés, et pourquoi ?

Q.7 Quelle serait l’incidence sur l’ensemble de la création de contenu canadien de la suppression de l’exigence selon laquelle un producteur doit avoir conclu une entente sur les droits de diffusion ? Par exemple, cela permettrait-il la création d’un plus grand nombre de productions en ligne ?

Et celles-ci, portant sur les critères de certification des fonds

Q.12 Quelle modification, s’il en est, devrait-on apporter aux sommes qui peuvent être allouées à des projets médiatiques numériques non liés à des émissions de télévision ? Est-il même nécessaire de limiter le financement de ces types de productions ?

Q.14 La définition de « projet médiatique numérique » devrait-elle être modifiée ? Quelles autres formes de production devraient être admissibles à recevoir du financement en vertu de ce critère ?

Les membres du panel – qui connaissent les rouages du financement de la production audiovisuelle au Canada beaucoup mieux que moi et qui doivent quotidiennement arbitrer entre les divers intérêts en présence dans l’industrie : producteurs télé, radiodiffuseurs, producteurs numériques, organismes gouvernementaux –  auront sûrement des éléments intéressants à apporter à ces questions.

Pour ma part, je trouve que la formulation des questions du Conseil indique qu’on commence à considérer les productions médiatiques numériques non plus comme un complément aux émissions de télévision, mais comme des éléments à part entière du système qui peuvent contribuer à améliorer sa robustesse du système.

Autres formes de partenariats créés par les politiques publiques

On discute depuis quelques années de la contribution des nouveaux acteurs de l’écosystème numérique au financement de contenus. En France en particulier, où on a une longue habitude d’utiliser les mesures fiscales pour financer la création, on l’explique ainsi dans le rapport « Contribution aux politiques culturelles à l’ère numérique » de Pierre Lescure, qui date de 2013, on indique que :

Il paraîtrait légitime (…) d’ériger en principe général la règle selon laquelle tout acteur économique tirant un bénéfice de la circulation des œuvres doit contribuer à leur financement.

C’est en vertu de ce principe que les créateurs revendiquent régulièrement des mesures qui forceraient les « acteurs économiques » à contribuer au financement de leur création.

 

Taxer les FSI (fournisseurs de services internet)

C’est une question qui a été mise de l’avant en 2009, au moment d’une autre consultation du CRTC portant celle-là sur la radiodiffusion par les nouveaux médias. C’est le CRTC lui-même qui avait conclu qu’une telle taxe était réclamée par la majorité des intervenants pour aider à financer la production d’émissions de télévision et que cela échappait à sa juridiction de l’imposer. Il avait renvoyé la question aux tribunaux, beaucoup, à mon avis, pour souligner que la Loi sur la radiodiffusion était obsolète et qu’il était temps de la réviser.

Ça s’est rendu en cour suprême et la conclusion a été que les FSI n’exploitent pas des « entreprises de radiodiffusion » assujetties à la Loi sur la radiodiffusion lorsqu’ils fournissent l’accès par Internet à la radiodiffusion puisqu’ils ne participent pas à la sélection et à la création de contenu et à sa mise à disposition sous forme de forfaits.

Conclusion : il faut changer la Loi.

Pour finir, ailleurs le monde :

En France on a imposé depuis 2008, une taxe pour tous les distributeurs de contenu audiovisuel, les éditeurs de services de télévision quel que soit leur réseau de diffusion d’une part, et les distributeurs de services de télévision quel que soit le réseau de communications électroniques utilisé d’autre part. Cette taxe est administrée et récoltée par le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) dont la mission est de soutenir l’économie du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia.

Ailleurs dans le monde, on commence à imposer des taxes appelées « Google » ou encore « Netflix », en Angleterre, en Australie par exemple, qui visent à récupérer les taxes que ces entreprises réussissent à éviter grâce à leur grande maitrise de « l’optimisation fiscale », une façon plus diplomatique de désigner l’évitement fiscal.

Voilà, c’était un bref survol des formes de partenariats qui peuvent être créés par les politiques publiques pour financer le contenu.

économie numérique, contenu, divers

Quels enjeux pour les contenus numériques?

À tous ceux que la question préoccupe, je recommande la lecture du rapport sur le forum France Canada, Quels enjeux pour les contenus numériques ? 

Ce forum était organisé par l’Ambassade de France au Canada et le Conseil des technologies de l’information et des communications (CTIC). La Fabrique de sens a contribué à lui donner un sens en rédigeant le rapport.

En guise de teaser, l’introduction

Le Forum France-Canada, organisé conjointement par l’Ambassade de France au Ca-nada et le Conseil des technologies de l’information et des communications (ICTC/CTIC), s’est déroulé les 15 et 16 novembre 2012, à Ottawa.

L’événement a réuni près de 100 participants canadiens et français, chefs de file, régulateurs et dirigeants issus des secteurs des contenus musicaux, audiovisuels et interactifs, représentant des entreprises privées et publiques de toutes tailles ainsi que des organismes de soutien et de réglementation des contenus. Pendant deux jours, ils ont exploré les défis que leur pose le nouvel écosystème numérique et débattu des façons dont pouvoirs publics et entreprises pourraient contribuer à y construire une industrie de contenu viable.

Depuis plusieurs années, la France et le Canada partagent un engagement indéniable à la défense de leur souveraineté et de leur diversité sur le plan culturel. Les deux pays ont établi des stratégies et des méthodes de réglementation appuyant leurs secteurs culturels et créa-tifs qui se ressemblent à plu-sieurs égards.

Par l’organisation de cet évé-nement, les responsables sou-haitaient favoriser un échange d’expertise et de points de vue entre représentants d’organismes confrontés à des défis et des situations similaires.

Bâties sur une prémisse de dé-part – l’évolution des réseaux et de la technologie a créé de nouveaux types de contenus, de nouveaux canaux de distribution ainsi que de nouveaux modèles économiques, défis et possibilités – les discussions ont été structurées autour de trois thèmes :

LE CONSOMMATEUR S’EMPARE DU POUVOIR NUMÉRIQUE

Le numérique a généré de nouveaux moyens d’expression, de nouvelles voies pour s’adresser à des publics diversifiés, ainsi que de nouvelles possibilités d’interactions des utilisateurs avec les contenus, mais surtout, il fait jouer de nouveaux rôles au public, le plaçant au cœur même des chaînes de valeur, en tant que créateur, producteur, agrégateur et acteur doté d’influence.

UN ÉCOSYSTÈME NUMÉRIQUE VIABLE

Il est devenu primordial de mettre en place de nouveaux modèles économiques qui assu-reront la viabilité et la pérennité des contenus musicaux, audio-visuels et interactifs dans le nouveau contexte. Les pouvoirs publics actuels doivent repenser et adapter leurs objectifs et leurs outils de soutien à l’industrie.

RÉGULATION ET POLITIQUES PUBLIQUES

Le secteur des contenus se mondialise et se déplace dans le nouveau monde numérique. Les marchés traditionnels des droits fondés sur la géographie résistent encore mais se révè-lent de plus en plus mal adaptés au nouveau contexte. Régulateurs et responsables politiques doivent réexaminer leurs objectifs, et valider l’adéquation entre leurs mesures, les aspirations des consommateurs de contenus numériques et la viabilité des industries de contenus.

économie numérique, contenu, transmédia

Flux transmédia

Quelqu’un m’a demandé récemment si je connaissais le transmédia et j’ai dû avouer ma relative ignorance.

C’est un peu pour cette raison que j’ai exploré cet univers pour mon dernier billet sur le blogue Écran de veille du Fonds des médias du Canada. Le terme ne signifiait pas grand-chose pour moi, sinon l’évocation d’un truc qui nous force à « participer » pour se faire raconter une histoire. Un peu comme les livres dont-vous-êtes-le-héros où il faut travailler (faire des choix) pour faire avancer l’histoire. Et moi j’aime mieux me laisser conduire par une histoire que d’être forcée à faire des choix à chaque étape.

Mon billet ne fait qu’évoquer le transmédia, il porte davantage sur l’économie de l’attention, mais en filigrane, c’est du transmédia et de son influence sur l’industrie des médias dont il est question.

Frappée par cette note dans le communiqué d’Ici Radio-Canada Télévision (le changement est bon… ne résistons pas au progrès…) qui présente la nouvelle saison:

Chaque émission offrira une valeur ajoutée aux téléspectateurs par le biais de son site, que ce soit par des expériences simultanées offertes sur le web, le mobile et la tablette, des applications spécialement créées, des jeux, des fiches, des webséries interactives, des conversations dans les médias sociaux ou encore des votes en direct.

j’ai orienté ma recherche sur le thème de « la télévision d’aujourd’hui: jamais sans mon internet! »

Et ce qui frappe dans cette invasion de l’internet dans le monde des médias, c’est l’interpénétration des médias entre eux. L’interpénétration, selon le Petit Robert, c’est l’action réciproque de s’introduire dans un lieu, de pénétrer dans un territoire. Ça me semble plus approprié que de parler de convergence: chaque média investit le territoire de l’autre maintenant. Les journaux programment des contenus vidéos, les télévisions produisent quantité de textes écrits et tout le monde s’approprie un espace sur les médias sociaux.

Mais, pour en revenir au transmédia, j’ai trouvé un livre très intéressant à ce sujet: Convergence Culture, Where Old and New Media Collide de Henry Jenkins, le fondateur et directeur du programme Comparative Media Studies du MIT. Sa définition du phénomène:

A transmedia story unfolds across multiple media platforms, with each new text making a distinctive and valuable contribution to the whole. In the ideal form of transmedia storytelling, each medium does what it does best – so that a story might be introduced in a film, expanded through television, novels and comics, its world might be explored through game play or experienced as an amusement park extension.

L’auteur décrit avec force détails en quoi la trilogie « The Matrix » est l’exemple par excellence du transmédia à l’ère numérique. Les films, qui sont la pièce maîtresse de l’histoire, ne peuvent être pleinement appréciés que si on consomme les autres éléments de ce puzzle. Il explique même l’échec relatif auprès de la critique du troisième volet par le fait qu’il fallait connaître les autres éléments médiatiques pour bien démêler l’histoire et apprécier l’oeuvre.

Selon cette définition, le transmédia pourrait se passer de l’internet à la limite.  Mais grâce à l’internet, le transmédia devient la nouvelle norme de nos modes de communication – qu’il s’agisse de raconter des histoires vraies ou inventées, de faire connaître une information, une nouvelle, un événement ou de converser entre nous. Transmédia comme dans trans, préfixe latin qui signifie « par-delà », « au-delà de », « à travers » et marque le passage ou le changement – et média, moyen de diffusion, de distribution ou de transmission de signaux porteurs de messages.

Il va maintenant falloir travailler pour nos histoires. Mais les « enfants du numérique »,  selon les auteurs du livre « L’âge de la multitude: entreprendre et gouverner après la révolution numérique » (dont mon ami Jean-Robert Bisaillon fait une très bonne synthèse ici), n’en attendent pas moins de leur expérience média parce que:

  • ils aiment créer
  • ils vivent une aventure collective
  • ils ne respectent plus les institutions
  • il sont difficiles à interrompre
  • ils sont exigeants et impatients
  • et ils aiment surfer sur un flux

Tout devient affaire de flux, disent-ils.

Laissez-vous emporter.

contenu, culture, télévision

Avenir de la télévision: les pièces du puzzle

Mon dernier article sur le blogue Écran de veille du Fonds des médias du Canada a été inspiré en partie par un livre français, Permanence de la télévision, un recueil de textes qui démontrent que la télévision est avant tout l’expression d’un désir humain:

(…) la télévision est fondée sur un désir d’ubiquité, d’omniscience, qui se rencontre déjà dans le mythe de l’anneau de Gygès, rapport par Platon, qui permet à celui qui le porte de devenir invisible pour tous, tout en gardant la faculté de voir et d’entendre ce qui se passe autour de lui. (…) admettons donc que la télévision, dans son origine de « vision à distance », fait partie des désirs intangibles de l’être humain…

Intéressant. Finalement, la technologie n’est qu’un accessoire. La télévision est en train de devenir un mot générique pour désigner ce désir, quels que soient les formes et  les canaux de distribution que son expression emprunte.

Et les formes que prendra la technologie dans l’avenir sont déjà là, il suffit d’assembler le casse-tête.

Interrogé par le journaliste Thibault Henneton de l’excellente émission de France Culture « La Place de la Toile » sur le secret de sa faculté à prédire le futur, Chris Anderson (l’auteur de The Long Tail) se défend d’être un devin en citant l’auteur de science-fiction William Gibson :

Le futur est déjà là – seulement, il n’est pas encore distribué uniformément. » (The Future Has Arrived — It’s Just Not Evenly Distributed Yet.)

MIT_couvertureEn 2001, la MIT Technology consacrait un article de fond à l’avenir de la télévision (ce que la revue fait à peu près tous les dix ans).  La conclusion de l’article procède du même raisonnement que la phrase de Gibson:

Stay tuned. Much of the broadcast, reception and display technology needed to let you see whatever show you want, whenever you want, on whatever screen you want, exists. The pieces just have to be improved and linked together in the right way.

Le mot de la fin, l’une des autres pièces du puzzle, revient au grand gourou, Marshall McLuhan:

La télévision ne sera pas comprise avant d’être dépassée par un nouveau média. Quand survient la désuétude, tout média devient une forme d’art, et c’est à ce moment-là qu’il est possible de s’en servir. Le média cinéma et le média photographie sont mieux compris depuis l’apparition de la télévision. » [Jean PARÉ. Conversations avec McLuhan, 1966-1973. Éditions du Boréal]

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16% des Canadiens délaissent la télévision conventionnelle. Vraiment?

Le 11 juillet dernier la Presse Canadienne nous apprenait que, selon un sondage mené par ComScore pour le compte de Google, 16 % des Canadiens adultes délaissent graduellement la télévision « conventionnelle »  pour favoriser plutôt le visionnement d’émissions en ligne.  Il n’en fallait pas plus pour que cette nouvelle devienne, sur les réseaux sociaux qui s’intéressent à cette question, un autre clou dans le cercueil de la télévision traditionnelle, une autre preuve que le phénomène de « cord-cutting », dont je parlais dans mon dernier billet, est bien réel.

Mais avant d’enterrer définitivement la télévision trad, j’aimerais revenir sur certains raccourcis empruntés par cette dépêche et les réseaux sociaux qui s’en sont emparés.

16% des Canadiens adultes …

En fait, il aurait fallu titrer:  16% des répondants au sondage de ComScore commandité par Google ont déclaré ne jamais consommer d’émissions de télévision devant un téléviseur.

J’ai fouillé et n’ai trouvé que la dépêche de la Presse canadienne. Qui ne précise pas l’échantillonnage, ni le taux de participation, ni le questionnaire  ni la méthodologie employée.

Imaginons qu’il s’agissait d’un sondage web, comme c’est très souvent le cas de nos jours. Cela exclut d’entrée tous ceux qui ne sont pas branchés et ceux qui ne s’y sentent pas vraiment à l’aise (il y en a et pas seulement chez les vieux). Et implique une surreprésentation des internautes enthousiastes.

Comme m’a dit un contact dans le milieu des sondages, si, en plus le sondage a été fait en été, il y a plus de chances que bon nombre d’accros du web – qui, par définition, ne délaissent pas le net pendant les vacances –  y répondent … ceux-là même qui consomment probablement plus de contenu vidéo via le web.

Et peut-être veulent-ils être perçus comme des modernes qui ont rejeté les vieilles technologies depuis longtemps, même s’il leur arrive parfois, par inadvertance, de faire la patate de sofa. Si on considère que, selon le CRTC, 90% des foyers canadiens sont abonnés à un service de télédistribution (câble, satellite, IPTV), il me semble que quelques échantillons de ce 16% doivent avoir accès à un poste de télévision.

… délaissent graduellement

Graduellement, vraiment? C’est basé sur quelles données comparatives? Ce n’est pas mentionné dans l’article de la Presse canadienne.

 la télévision conventionnelle

D’abord entendons-nous: la télévision conventionnelle, dans le vocabulaire du CRTC, c’est la télévision généraliste distribuée par les ondes hertziennes (et numériques depuis 2011). Ce terme exclut les chaînes spécialisées distribuées uniquement par un service de télédistribution. Bon d’accord, je fais ma mémère virgule, on aura compris qu’on veut parler de la bonne vieille télévision qui entre dans nos foyers par les ondes ou la télédistribution, mais cela illustre à mon avis une certaine méconnaissance des médias envers ce secteur. Qui les concerne pourtant au premier chef.

Une industrie qui a su s’adapter

Une chose est sûre pour l’instant, cette désaffection graduelle des Canadiens pour la télévision traditionnelle ne se reflète pas encore dans les revenus de cette industrie:  en 2011, les recettes d’exploitation des entreprises de télévision par câble et par satellite ont progressé de 6,9 % par rapport à 2010 pour totaliser 13,3 milliards de dollars (dollars courants) (source: CRTC, Rapport de surveillance des communications 2012).

Je ne m’inquiéterais pas trop pour les entreprises de câblodistribution, qui ont compris depuis longtemps que leur viabilité ne devait pas reposer sur la télévision par câble uniquement.  Comme je l’écrivais dans un billet de 2011, « les parts de marché combinées de Shaw, Rogers, Bell et Quebecor dans la distribution, la programmation, l’accès Internet fixe et les communications mobiles dépassent largement celles des Américains. Dans ce domaine, nos entreprises canadiennes font mordre la poussière aux géants Comcast/NBCU (nouveaux mariés, par ailleurs), DirecTV, Time Warner Cable et Dish Network (entre autres parce que les américaines ne sont pas dans le mobile) ».  Et j’écrivais ça avant la transaction BCE-Astral…

Mais le streaming est une réalité

Cela dit, la télévision en streaming sur internet est un phénomène qui ne disparaîtra pas et qui est en train de transformer l’industrie.  Les consommateurs l’adoptent de plus en plus rapidement.  Sauf au Québec, où la société distincte se distingue du reste de Canada en termes d’adoption des technologies. J’y reviendrai.

Et peut-être que dans un autre billet je répondrai à une question dont la réponse pourrait être intéressante: quel est l’intérêt de Google de commanditer ce genre de sondage ?

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Télévision et croyance populaire

Dans le milieu de la télévision on surveille un phénomène qui ravit les uns et fait frémir les autres: le cord-cutting, terme inventé par nos amis les Américains –  jamais à court d’images punch – pour désigner les abonnés au services de câble (d’où la « cord ») qui se désabonnent (d’où le « cutting ») parce qu’ils trouvent maintenant tout leur contenu audiovisuel en ligne. Souvent quand on parle du phénomène, on mentionne Netflix et iTunes, bien sûr, mais aussi Hulu et Amazon.

Hulu est un service de diffusion en flux (version OQLF pour streaming) gratuit qui appartient – pour l’instant, des rumeurs de vente circulent – à NBC Universal , Disney (propriétaire du réseau ABC) et News Corporation.

La croyance populaire, qui ne fouille jamais très loin, croit parfois que ce service est disponible ici, ce qui n’est pas le cas: il est « géobloqué », c’est-à-dire que tout ordinateur tentant d’y accéder avec une adresse IP à l’extérieur des États-Unis n’a pas accès aux émissions.

hulu_montage

En apprenant cela, la croyance populaire s’imagine que c’est à cause de la réglementation du CRTC qui leur interdit l’accès au Canada.

C’est faux: le CRTC n’a aucune juridiction sur les services diffusés sur internet (j’explique pourquoi dans cet article). Mais c’est tout de même indirectement la faute au CRTC.

Une nouvelle a retenu mon attention cette semaine: la chaîne américaine CBS, qui n’est pas partenaire de Hulu , a un hit avec une série d’été, « Under the Dome« . Cette série, basée sur une nouvelle de Stephen King, est financée en bonne partie par Amazon qui la diffuse deux semaines après ABC sur son service Amazon Instant Streaming. Qui est géobloqué ici.

Mais pourquoi pas de Hulu ou de Amazon Instant Streaming chez nous, me demanderez-vous lecteurs attentifs, alors que Netflix est disponible au Canada?

Tout cela est une question de droits, une question complexe s’il en est une. Et ce n’est pas parce que les services de streaming américains qui sont associés à un réseau de télévision ne veulent pas débourser pour payer des droits de diffusion au Canada (ce que fait Netflix). C’est plutôt parce qu’ils ont tout avantage à conserver un marché distinct des droits au Canada, marché établi grâce à la protection réglementaire  accordée aux radiodiffuseurs canadiens par le CRTC et qui représenterait une valeur de 1,4 milliard de dollars en paiements d’affiliation ou en achats d’émissions pour les radiodiffuseurs et les producteurs américains, selon l’estimation d’une étude commandée par le CRTC en 2010.

Comme les auteurs de l’étude l’analysent: « La perte d’exclusivité qui se produirait si les Canadiens pouvaient consommer librement le contenu des radiodiffuseurs non canadiens diminuerait probablement de beaucoup la valeur de ce contenu pour les radiodiffuseurs et distributeurs canadiens ainsi que le prix qu’ils seraient prêts à payer pour se le procurer. » Et en conséquence les profits des radiodiffuseurs et producteurs américains.

Contrairement à ces services, Netflix est uniquement dans la business de location de contenu, que ce soit par l’acheminement de DVD par la poste ou en streaming sur le net. Le service doit donc investir de très importantes sommes dans l’acquisition de contenu afin de conserver sa base d’abonnés, qui, par ailleurs, n’est pas encore assez importante pour générer des marges de profit à la hauteur de celles de son service de location de DVD.

Derrière les croyances populaires il y a toujours une situation beaucoup plus complexe qu’on ne pourrait le soupçonner quand on examine la situation superficiellement.

Si vous cherchez à déboulonner quelques croyances populaires dans votre industrie, n’hésitez pas à faire appel à  La Fabrique de sens, l’entreprise qui creuse pour vous!
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Et maintenant, une pause publicitaire

En faisant la recherche pour deux billets portant sur le contenu de marque pour Écran de veille du FMC, j’ai découvert plusieurs vidéos en ligne qui existent grâce à une marque, mais qui ne sont pas manifestement des publicités. Parmi celles-ci quelques trucs intéressants et quelques bijoux:

La série Seinfeld et Superman, pour American Express, est un ancêtre du genre (elle date de  2003). La page d’accueil du site trahit son âge:

superman_seinfeld

On peut trouver des copies de mauvaise qualité sur YouTube, ou aller sur le site officiel en cliquant ici . Je ne peux pas l’imbriquer sur cette page. c’est dire à quel point c’est vieux, pas moyen de partager…

Maintenant, comparons ce contenu de marque de l’ancien temps à cette vidéo d’une chanson, Dumb Ways to Die,  qui fait partie d’une campagne intégrée récipiendaire de cinq prix aux « Cannes Lions » (à prononcer à l’anglaise, étant donné que tout se passe en anglais seulement).  Il s’agit d’une campagne de prévention pour le métro de Melbourne en Australie. Avertissement: la chanson est très accrocheuse et vous restera dans la tête (vous l’avez peut-être déja vue, comme plus de 50 millions de personnes l’ont fait sur YouTube):

Un autre lauréat aux Cannes Lions, le Grand Prix de la catégorie Branded Content: la série de films « The Beauty Inside » dont je parle dans le premier billet sur Écran de veille. On peut visionner une vidéo expliquant cette production ici. Voici le premier épisode:

Maintenant quelque chose de différent:  une campagne B2B  (business to business) pour une compagnie qui vend des logiciels de gestion de la chaîne logistique. Je ne sais pas quel effet aura eu cette série sur les ventes de la compagnie, et elle n’a pas eu beaucoup de hits sur YouTube, mais les films sont très drôles. J’ai visionné les six épisodes avec plaisir. On peut les voir ici.

Pour finir, une autre campagne amusante, celle-ci pour IKEA. Produite depuis 2009, cette série est écrite et produite par Illeana Douglas – une actrice américaine – qui y joue une version « fictionnalisée » d’elle-même. C’est amusant, ça se moque allègrement de l’esprit IKEA et on peut y voir quelques acteurs connus. La série est diffusée sur la chaîne YouTube Easy to Assemble TV.

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Sous-titres et culture distincte

Tel que promis dans mon dernier billet, j’ai épluché le très volumineux, très complet et très documenté rapport « Rapport Lescure » (sur les contenus numériques et la politique culturelle à l’ère du numérique – commande du président de la France).

Je vais en livrer les éléments les plus intéressants pour notre contexte nord-américain par volets thématiques.

Volet d’aujourd’hui: contenu vidéo en ligne et le sous-titrage. En France, on est pressés d’avoir accès aux émissions américaines et le sous-titrage est une solution plus rapide que le doublage. D’abord le fait de « sous-titreurs pirates » qui sous-titrent de façon très organisée, manière crowdsourcing, dans plusieurs langues,  la pratique  est devenue courante chez les diffuseurs légaux français (TF1, M6 et Orange) qui mettent en ligne des versions sous-titrées des émissions américaines dès le lendemain de leur diffusion originale aux USA. Le rapport soutient « ces différentes initiatives et appelle à poursuivre les efforts pour améliorer la disponibilité des séries étrangères en ligne le plus tôt possible après leur diffusion ».

Autre pays, autres moeurs… Ici au Québec le contenu américain, qu’il soit doublé ou sous-titré, n’est pas si ardemment désiré.

En effet, depuis aussi longtemps que les palmarès sur l’écoute des émissions de télévision existent, les Canadiens francophones se distinguent des Canadiens anglophones par leur adhésion sans failles au contenu audiovisuel fabriqué ici, comme en témoigne le palmarès de la semaine dernière. Que des productions d’ici dans les 10 premières émissions. Quelques contenus américains se faufilent ici et là, mais ce sont des exceptions. Il y a également quelques concepts étrangers (Dieu merci!, Le Banquier, etc.), mais ça demeure des émissions profondément québécoises.

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Netflix, ce grand méchant Joueur étranger qui a été abondamment brandi comme un épouvantail pendant l’audience portant sur la transaction Bell/Astral (« Bell et Astral plaident la menace Netflix« ) ne compte que 5% d’abonnés francophones, contre 20% d’anglophones, et la raison principale, selon tous les observateurs, serait la faiblesse du contenu en français sur le service de vidéo sur demande en ligne.

Netflix ambitionne de devenir, à terme, un leader global, tout en reconnaissant que cela prendra du temps. ( « We would be stronger being the leader in a few markets than one of the herd in many markets. Of course, our ambition is to be the leader in many markets, but that will take us some time. » Netflix long term view )

Netflix a les moyens de ses ambitions et peut prendre le temps d’ébranler cette fameuse barrière de la langue qui protège le contenu culturel d’ici. Sa dernière tactique en ce sens? La série « Arrested Development », une nouvelle série mise en ligne le 26 mai et avec laquelle le service espère faire le plein d’abonnés, est offerte avec sous-titres français. Les deux séries originales produites par Netflix,  « House of Cards » et « Hemlock Grove » sont offertes avec sous-titres ou version audio en « français canadien ».

La barrière de la langue ne peut pas à elle seule expliquer notre résistance face à l’invasion étrangère (en tout cas pour le contenu télévisuel, pour la musique c’est une autre histoire).  Après tout, le taux de bilinguisme de la population augmente, les jeunes sont très friands de culture américaine, et autour de moi il me semble qu’on ne parle que de Game of Thrones ou Walking Dead – séries pas disponibles en français ici.

L’attachement pour la production audiovisuelle d’ici relève davantage que de la seule question de la langue. Il est basé sur l’histoire de notre télévision, bâtie sur une culture distincte et surtout développée par une institution, la télévision publique,  qui a eu les moyens d’imposer une certaine idée de la qualité que les autres n’ont eu d’autre choix que d’émuler.

En regardant ce passé, je trouve particulièrement désolant que nos gouvernements n’aient pas encore de plan numérique, ou au minimum une stratégie numérique qui reconnaisse le caractère absolument « disruptif » pour l’identité culturelle de la révolution numérique.