économie numérique, contenu, le sens des données, télévision, télévision sociale

Le sens des données: un seul Québécois sur dix, vraiment?

Lu hier dans Infopresse: «La consommation télévisuelle de l’avenir passe par un deuxième écran, et Shazam offre énormément de potentiel pour le développer», souligne Carl Rousseau, directeur général de V numérique. Au pays, 88% des téléspectateurs utilisent un deuxième écran lorsqu’ils regardent la télévision, que ce soit un téléphone intelligent ou une tablette. »

Cela voudrait dire que seulement un Québécois sur dix n’a pas de bébelle électronique entre les mains quand il fait la patate de sofa.

Bon,  je ne suis pas très forte en maths mais, même en posant l’hypothèse que ceux qui possèdent des téléphones intelligents (32% des adultes québécois*) ne possèdent pas de tablette et que ceux qui ont une tablette (13%*), ne possèdent pas de téléphone pas bête, je crois qu’on arrive à un maximum de 55% de Québécois qui ont entre les mains un appareil leur permettant de s’épivarder sur le web en même temps qu’ils visionnent la télévision.

À mon avis, quelqu’un a fait un lapsus (« faux pas de la langue, de la plume » — Le Petit Robert), soit l’auteur de l’article, soit Monsieur Rousseau. Mais un lapsus sans doute révélateur de la surenchère utilisée par certains acteurs de l’écosystème télévision dès qu’il est question du mariage télé-internet et de ses multiples rejetons.

Mise à jour: sur le communiqué annonçant l’entente, on a écrit: « Le téléspectateur consultera ce deuxième écran afin d’avoir accès à du matériel exclusif et satisfaire sa curiosité face à ses émissions favorites. Une habitude déjà en place puisque 88% des auditeurs possédant un téléphone intelligent ou une tablette utilisent déjà ce deuxième écran lorsqu’il écoute (sic) la télévision. »

J’avais pourtant vérifié le communiqué, mais je crois qu’un peu de mauvaise foi de ma part – j’adore prendre les gens en défaut, c’est une manie – a fait disparaître la citation 🙂

*selon le CEFRIO

CEFRIO

Internet, médias sociaux, télévision, télévision sociale, web

Observation maison de l’avenir de la télévision

Les ados d’aujourd’hui sont nés avec ces technologies de la connectivité qui bouleversent notre monde. Pour eux par exemple, vivre sa vie sociale sur un écran d’ordinateur c’est aussi normal que de faire jaillir la lumière au simple toucher d’un interrupteur.

J’ai la chance d’avoir accès à un laboratoire d’observation fascinant grâce à mon propre échantillon maison d’ado tout à fait typique. Mon ado maison fait partie de la génération de la dernière lettre de l’alphabet, la génération Z (aurait-on atteint la fin des générations?). Elle possède un ordinateur portable, un iPod dernière génération et surtout un compte Facebook depuis plusieurs années (oui, depuis avant ses 13 ans, et je l’ai laissée faire…) et plus de 800 amis.

Récemment, mon ado maison m’a donné l’occasion d’observer le rapport de la génération Z avec la télévision.

Un deuxième écran pour la télévision? Pourquoi pas trois ou quatre?

Ado Maison suit les Jeux Olympiques religieusement. Elle s’intéresse particulièrement aux épreuves de gymnastique artistique parce qu’elle a déjà pratiqué cette discipline elle-même. La gymnastique a ceci de particulier que les athlètes font une rotation autour de  quatre appareils et que le tout se déroule en même temps. Jeudi dernier, Ado Maison a suivi son idole  Gabrielle Douglas et les autres membres de l’équipe américaine grâce à quatre écrans: le téléviseur, son ordinateur portable, son iPod et mon iPhone, le tout en textant ses commentaires sur son téléphone ou en les écrivant via Facebook à ses copines elles aussi branchées devant de multiples écrans.

Elle a ainsi pu suivre les performances qu’elle voulait voir en direct plutôt que d’attendre de les voir selon une séquence proposée par la télévision. Elle a en quelque sorte produit sa propre émission de télévision, tout en divisant son attention sur tous ces écrans.

De mon poste d’observation, j’ai entrevu l’avenir de la télévision telle qu’elle sera consommée par cette génération: multi-écran, sociale et connectée.

Mais surtout, j’ai compris que cette génération maîtrise déjà un nouveau langage qui codifie la réalité autrement.

Cette dernière observation, je l’emprunte à Edmund Carpenter, un anthropologue américain (décédé l’an dernier) qui a collaboré avec Marshall McLuhan sur Understanding Media. Dans un texte écrit en 1956 pour la Chicago Review, The New Languages, il parle des mass médias ainsi:

English is a mass medium. All languages are mass media. The new mass media – film, radio, TV – are new languages, their grammar as yet unknown. Each codifies reality differently; each conceals a unique metaphysics.*

Un nouveau langage, un nouveau code, une autre façon d’appréhender et de comprendre le monde; un nouveau monde.

Notes:

Petit rappel à la réalité d’aujourd’hui, cependant, cette journée multi-écran a consommé 5 Go de bande passante, amenant notre consommation mensuelle à 80% de la limite mensuelle de 50 G0.

J’ai découvert Edmund Carpenter grâce à ce billet de Mitch Joel. Si vous ne connaissez pas cet expert montréalais du marketing social, il est à découvrir d’urgence.

________________________

* le texte est accessible en ligne via la BAnQ, sur la base de données JSTOR.

contenu, culture, télévision, télévision sociale, web

Télévision sociale : show me the money!

En mars dernier, le magazine TVGuide a demandé à un panel de définir ce qu’est la télévision sociale. Environ 40% des participants ne savaient pas quoi répondre.  60% ont proposé une définition, parmi lesquelles celle-ci : « Another stupid marketing term for how people have always watched TV. » 

Et pourtant, tapez « social TV » dans Google et vous obtiendrez 1000 pages de résultats, sans doute parce que l’expression a atteint le statut d’expression-valise, est devenue une catch-all phrase qui contient tous les espoirs de revitalisation d’une industrie bousculée par le vent du changement numérique. Aujourd’hui, social TV  sert à englober tout ce qui est en train de se tramer et de se développer autour du médium de la télévision qui, faut-il le rappeler, a été l’une des innovations technologiques et culturelles majeures du 20e siècle et est encore aujourd’hui le seul média en mesure de rejoindre des auditoires de masse.

Pour la suite, cliquer ici