En 1960, Hugo Gernsback, le père du terme “science-fiction”, imaginait une télévision qui serait diffusée directement dans le cerveau, grâce à un casque “superceptor” qui diffuserait des impulsions électriques, un peu comme fonctionnent les rêves. De cette façon, chacun aurait eu accès à son émission personnelle dans sa tête.
Cette vision est à l’opposé de la télévision de demain, telle qu’elle se profile de plus en plus, au fil des avancées de la technologie, des essais et erreurs des manufacturiers et développeurs et des réactions des humains, ces bibittes qui produisent, diffusent et consomment les images vidéos .
La télévision de demain : linéaire, non-linéaire, un peu des deux?
Selon le “Technology, Media & Telecommunications Predictions 2010” de Deloitte, la télévision de rendez-vous, cette télévision qui détermine pour nous, avec une grille de programmes savamment constituée, le meilleur moment pour visionner ses émissions, est encore en position de force en 2010 . Selon leur estimation, la majorité des contenus sera consommée selon des grilles de programmation, à plus de 90%.
Bien sûr, il y a multiplication des possibilités de consommer de manière non-linéaire du contenu vidéo. Il y a les applications Internet: Fancast, Netflix, Dailymotion, Tou.TV; les machines qui permettent de connecter l’Internet sur la télévision : Boxee, BLOBbox, Apple TV; ou encore les technologies intégrées à des appareils, – téléviseurs, DVD, cinéma maison : Archos Content Portal, VUDU, ZillionTV.
Mais la plupart de ces nouveautés en sont encore à la phase bêta, ce qui signifie entre autres que leur offre ou leur accessibilité ont des limites, et que derrière les belles pages web, se poursuivent des négociations féroces avec les propriétaires de contenu, pour les uns, les distributeurs, pour les autres. Mais surtout, les habitudes du consommateur de télévision moyen, un être traditionnellement passif – c’est la nature du média- ne se transforment pas si rapidement. La télévision linéaire est encore là pour rester.
À plus forte raison, comme le souligne Laurent Maisonnave dans son billet Canada: Champion du monde de la vidéo en ligne! si on consìdère l’état déplorable du développement du réseau internet dans notre beau pays.
La télévision se délinéarisera sans doute, mais gardera toujours une forme de linéarité, pour les expériences en direct certes, mais également parce nous conservons tous une patate de sofa au fond de nous.
La télévision sera sociale
Quand cette question de l’accès à des réseaux à large bande sera réglée. Des indices:
- Les médias sociaux deviennent la première destination web
Le CEFRIO le dit dans son enquête Les médias sociaux éclatent au Québec, les réseaux sociaux tels que Facebook et LinkedIn enregistrent les plus forts taux de croissance au Québec. En effet, la participation des internautes dans les réseaux sociaux est passée de 34 % en 2009 à 48 % en 2010.
Un autre organisme, Global Web Index, nous dit que 46,2% des Canadiens ont un profil sur un média social.
J’ai aussi trouvé une firme de relations publiques qui maintient une carte des abonnés Facebook du Canada. Ils seraient un peu plus de 14 millions selon leurs estimations, soit autour de 40% de la population totale.
- Les médias sociaux offrent de plus en plus de contenu vidéo
Selon ComScore, Facebook est devenu en août la seconde plateforme de visionnage de vidéos en ligne au États-Unis, passant Yahoo!, mais toujours loin derrière YouTube. Au cours de ce mois, 178 millions d’internautes américains ont regardé environ 14 heures par semaine de vidéos en ligne. Ils étaient 146,3 millions à la faire sur YouTube, 58,6 millions sur Facebook et 53,9 millions sur Yahoo!
- Les usagers internet l’utilisent de plus en plus pour visionner des vidéos
En 2009, selon le CRTC, l’activité la plus populaire chez les usagers internet francophones canadiens était le visionnage de vidéos en ligne, qui représentait près de 60% de toutes les activités (contre 45% en 2007). D’accord, 35% de ce visionnage est allé à des vidéos amateurs (le fameux Charlie bit me, visionné près de 240 millions de fois au moment d’écrire ces lignes, par exemple), mais le visionnage de contenu professionnel était de 20%, une augmentation de 30% depuis 2007. On peut prédire que le vidéo amateur achève son règne, quand on observe les alliances qui se tissent entre les méga-compagnies internet (YouTube et autres Facebook) et les producteurs et propriétaires de contenu professionnels. Par exemple, en novembre ABC va diffuser sa couverture des élections américaines de mi-mandat en streaming sur Facebook.
Et un autre indice, pas direct mais à mon sens éloquent:
- La télévision terrestre est en déclin à travers le monde.
IDATE prévoit que la réception terrestre sera dépassée par la réception par câble en 2013. Ce qui est en déclin, dans cette prévision, c’est la télévision unidirectionnelle et gratuite, incompatible avec l’interactivité et l’interconnectivité du monde numérique.
Heureusement que la prévision de Monsieur Gernsback ne s’est pas avérée. Qui voudrait avoir ce maelstrom d’expériences visuelles dans sa tête? Déjà que certains scientifiques ont démontré les impacts des images violentes à la télévision sur le cerveau.
Quoique, sait-on jamais? Sur la page où j’ai trouvé cette prévision, on parle également d’une machine à réponse, une machine où un dactylo sur lequel on tape une question est relié à un écran sur lequel apparaît la réponse. Un genre d’ordinateur avec Google, peut-être?
Une réflexion sur “Télévision, c’était demain”